Chroniques d'une épidémie

Bye bye 2020

Derniers jours en Andalousie. Le givre s’est invité ce matin sur les greens du golf de Isla Canela. Belle journée d’hiver sur le sud de l’Espagne au ciel céruléen. Le thermomètre marque 5°C. Deux jours encore à profiter de l’insouciance des vacances avant de rentrer en Bretagne où nous attend la tempête Bella. Je n’aurais pas beaucoup écrit durant ce séjour andalou : fini trois chroniques, repris le fil du récit abandonné en mars. Assis devant la petite table qui borde la porte fenêtre, mon regard se perd au nord vers Ayamonte et les collines environnantes qu’éclaire le soleil à peine levé. Une année s’achève. Clôture du bilan. Soulagement, 2021 ne devrait pas être pire. Vraiment ? Certes, le réveil a été difficile. 2020 nous aura prescrit des évidences dure à avaler : la Science ne se pose plus en gardienne de la vérité, influencée par le fric et les intérêts particuliers; les médias ont définitivement sombré dans l’information biaisée voir la propagande pour mieux servir leurs maîtres qui les asservissent à coup de subventions et de flatteries; la confiance dans les gouvernements et les médecins s’est effondrée; la population mondiale, prise de panique, s’est prêtée servilement au jeu du Pouvoir. Pour autant les vrais enjeux sont devant nous : politiques, sanitaires, économiques. 2020 aura vu galvaudé le concept de “Monde d’après” comme une faille historique alors que nous avons seulement pris conscience de la rudesse du monde dans lequel nous évoluons, malmenés par la soif d’argent et de puissance. La marge d’action semble infime. Pour autant elle existe. Les recours gagnés face à l’administration montrent que l’état de droit fonctionne encore et nous protège, du moins en France et en Europe. La lutte sera âpre afin de conserver privilèges et libertés notamment face au risque de l’instauration d’un passeport sanitaire nouveau sésame d’un univers totalitaire qui cache seulement son nom. La Chine doit désormais devenir le modèle à ne pas suivre, la consommation un acte citoyen et politique.

La vraie question est toute simple : comment ne pas devenir fou ? La prégnance du covid devient insupportable. Ma chronique exutoire s’est refermée sur elle-même m’entrainant dans une spirale sans fin de suivi de la pandémie. Je croyais me rassurer en publiant mes propres données issues de chiffres officiels, je me suis au contraire intoxiqué, laissant la crise sanitaire infuser son poison mortel à mon esprit. Depuis 10 mois, je vis covid sans me rendre compte à quel point cela nuit à ma santé mentale et physique. L’épidémie aura monopolisé mes temps d’écriture, sonnant le glas de la rédaction du roman commencée en octobre 2019. Pour autant, je ne regrette pas cette source d’inspiration qui aura vu s’inventer plus d’une trentaine de chroniques m’offrant les réactions souvent positives de mes premiers lecteurs. J’ai travaillé et appris. Ecrire est un métier.

Les premiers golfeurs sont apparus sur le tee du trou numéro 15 bravant le froid matinal. Hormis le système permettant de ne pas avoir à toucher les drapeaux, tout est normal ou presque sur le parcours. Impossible cependant d’aller boire une cerveza après avoir joué, le bar du club est fermé. C’est le cas également de l’hôtel qui borde le 17 et de son restaurant. La réouverture prévue en février semble incertaine, les touristes danois et allemands qui devaient venir, viennent d’annuler leur séjour. Dans un village globale, la panique à Berlin perturbe la vie à Huelva. Inutile de chercher un bar à tapas ouvert tard le soir, l’absence de voyageurs a contraint les cafetiers à modifier les horaires. Seul un grill posé sur la dune continue de servir après 21 heures. Nous étions six convives lundi, perdus dans une immense salle, à déguster la paella locale arrosée de sangria. Le masque qui recouvrait son visage ne cachait pas le sourire de notre hôtesse. Dehors Jupiter et Saturne poursuivaient leur ballet entamé il y a quelques semaines sous l’œil désapprobateur d’un croissant de lune peu entamé, rapidement rejoints par un million d’étoiles. On entendait le ronron des navires de pêche qui rejoignaient Vila Real. Le calme de l’océan apaise les pensées. Les vagues jouaient avec la plage effaçant les dernières traces de pas des promeneurs. Invitation à la flânerie malgré le vent qui se levait. C’était bien.

Je ne sais pas si je décollerais le 17 janvier en direction de Séville. L’incertitude règne. Dans une interview au Parisien, le ministre Véran prépare la population à un nouveau confinement en janvier. Autrement dit, la décision est déjà actée. La pièce se joue depuis des mois avec les mêmes acteurs et le même scénariste : plus rien ne nous surprend. Bien sûr nous sommes coupables. Coupables de voyager, coupables de réveillonner, coupables de vivre, coupable d’aimer. Le taux de personnes testées positives est en chute libre, les décès hebdomadaires attribués à la covid-19 baissent depuis 6 semaines, la charge hospitalière est normale pour un début d’hiver : rien n’y fait, il faudra nous emmurer de nouveau. Le joug de l’état tyran se rappellera à notre bon souvenir. Mère nourricière que l’enfant finit par détester. La haine est tangible, palpable, prête à éclater. Forcer la population à rester chez elle n’évitera pas la crise. Castex gouverne en douce. Depuis le 22 décembre, un nouveau décret modifie le code de déontologie des médecins ouvrant grand la porte à une censures des praticiens. Tout se sait, malgré le travail de sape incessant des médias essayant de décrédibiliser les informations alternatives. Les réseaux sociaux ne seraient qu’un repère d’odieux “complotistes” prêts à tout pour remettre en question la doctrine officielle. Le journal le Monde décrit certains youtubers comme les néo gourous de sectes réfractaires aux vaccins et à la médicalisation. On imagine le sort qu’on réserverait à Ivan Illich ! Hannah Arendt serait perçue comme une dissidente. L’internement psychiatrique remplace le goulag.

Il ne faut pas perdre espoir. Partout des voix s’élèvent pour dénoncer l’arbitraire. Un jour la vérité éclatera, un jour l’intelligence prendra sa revanche, un jour le courage et le combat permettront d’abattre les murs qui se dressent. Le chemin est encore long sans doute, accidenté, pénible et revêche. Il est trop tard pour faire marche arrière. Un proverbe zoulou ne dit-il pas : «Si tu avances tu meurs, si tu recules tu meurs, alors pourquoi reculer ?».

Bye bye 2020

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