Chroniques d'une épidémie

Apatride sanitaire par désir de liberté

Février se termine, je relis les notes griffonnées avant hier à la va-vite sur le carnet noir que je balade. A l’ancienne.

Le vide s’est emparé de mon esprit. Absolu. J’aurais du me douter que mes plans allaient capoter lorsque j’ai préféré me remettre au lit quelques minutes. Absence de motivation en somme. La journée d’hier avait pourtant été parfaite. Trop peut-être. Le soleil inondait les terrasses et la plage. Nous en avons profité. Le café servi sur la grande place égalait le bica lisboète. Le couscous de Mandala Mar égalait celui de Houmt Souk, la vue en plus. Quelque chose a brisé la mécanique. L’espoir, à nouveau disparu, a emporté avec lui la lumière printanière laissant des nuages gris et une promesse de pluie.

Malgré le réveil matinal, rien n’avance. Je reste coi. Mes yeux s’abiment en vain à relire les mots d’hier, gymnastique inutile. Une sorte de mur laiteux et indistinct semble envelopper mes idées, balayant toute possibilité d’écrire. Sidération étrange dont la source m’est inconnue. La création reste un mystère. Je cherche en vain à découvrir le déclic.


Leucosélophobie sur fond de crise sanitaire (peut-être), économique et politique (sûrement). L’an dernier la sidération liée au confinement avait annihilé l’avancée de mon roman en chantier me projetant dans un univers nouveau où je parvenais exclusivement à accoucher de chroniques rédigées dans l’urgence, à la hussarde presque. C’était il y a un an, c’était hier. D’autres billets se sont succédés jusqu’à l’été ou une longue pause estivale, parenthèse ensoleillée durant laquelle j’ai voulu croire à toute force que le cauchemar allait passer, mussait mes désirs littéraires.

Trois mois accaparés pas des projets qui ne devaient pas aboutir. Trois mois à espérer que l’épidémie ne reprenne pas. Trois mois à endurer la bêtise en silence. Trois mois de colère retenue.

Je sais le décalage entre ce que je ressens et les mots jetés pêle-mêle sur ces feuillets numériques. Une forme de pudeur me retient et m’empêche d’exprimer le sentiment de fureur sourde qui m’habite.

Car j’enrage.

Je regarde médusé déferler sans digue une lame qui emporte nos libertés. Je croyais à un sursaut, je le souhaitais ardemment. Les gens allaient finir par comprendre ! Ne sommes nous pas la patrie de Jean-Moulin ? De Camus ? De Eluard ? Ses vers ne sonnent-ils pas dans toutes nos mémoires, marqués au fer de l’éducation républicaine ?

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom


Combien sommes-nous à saisir le danger ? Que penser de ces peuples serviles qui se laissent museler par la peur et la crainte du gendarme ? L’asservissement est total, absolu. Partout le même troupeau d’individus masqués prêts à se faire injecter un vaccin de pacotille dans l’espoir vain de se voir attribuer un pass sanitaire, nouveau sésame d’une société totalitaire qui ne dit pas son nom.

Sommes-nous encore en démocratie ? se demande Natacha Polony en écho à la philosophe Barbara Stiegler qui s’interroge sur [De] la démocratie en Pandémie, clin d’œil à peine voilé à Tocqueville qui pressentait dès 1840 le risque de tyrannie de la majorité. Nous y sommes.

Des voix s’élèvent au milieu du déferlement médiatique, masquées par la doxa pandémique. Oser dire la réalité des chiffres, la sanction est immédiate : complotiste, pire encore : criminel ! Les khmers de la pensée unique veillent pour empêcher toutes dissidence et éviter que ne soit remis en cause le seul dogme admis : la covid est une maladie mortelle, sans traitement dont on ne viendra à bout que grâce à la vaccination massive ou de nouvelles molécules. Nul n’est admis à analyser la situation autrement.

La dernière offensive en date des medias mainstream concerne les anticorps monoclonaux. L’ANSM vient d’ailleurs d’octroyer une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour le bamlanivimab en monothérapie qui pose question tant les bénéfices affichés sont constables ! Le fait que la directrice des nouveaux produits France de la société qui distribue le médicamment soit l’épouse d’un député LREM, la mère de l’adjoint au chef de cabinet de l’Élysée et de sa conseillère santé n’est qu’une simple coincidence. Le hasard fait bien les choses. Coût du traitement : 1000 à 2000 euros. Une broutille.

A bien y réfléchir, je ne sais déterminer ce qui m’exaspère le plus. La manipulation des données brutes dans le but manifeste d’effrayer les populations ? Le silence complice des journalistes dont on dirait qu’ils ne savent que répéter en boucle les éléments de langages fournis par le gouvernement et les ARS ? Le manque de curiosité de beaucoup qui les enferme dans l’effroi et la servitude ? Partout les regards baissés des esclaves résignés !

Depuis un an, je tente de vivre la tête haute, de ne pas céder à la panique et de désobéir aux injonctions ubuesques et sans fondement.

Mais je suis en colère.

Je suis en colère d’envoyer mon fils chaque matin depuis 6 mois dans un collège qui l’oblige à porter un masque et à adopter des mesures sanitaires inutiles. J’essayais de le rassurer, cela ne durerait pas longtemps. Foutaise ! Que lui dire maintenant ? Que les hommes sont fous ?

Je suis en colère de constater que le vieux rêve européen s’étiole, rongé par le souverainisme et le chacun pour soi. Quelle abomination que ce premier ministre français arguant de résultats nationaux supérieurs à ceux des pays voisins. Quelle impérieux besoin de se comparer ! Est-ce les jeux olympiques de la Covid ? Ou de la crétinerie ?

Je suis en colère de ces amendes qui pleuvent sur les plus faibles les enfermant dans la couardise, la lâcheté et l’indignité.

Je suis en colère devant le silence.

Je suis en colère devant la parole, pute et travestie.

Je suis en colère devant le conformisme.

Cette colère, j’ai cru y échapper en fuyant vers un ilot perdu d’Andalousie. Mon arrivée coïncidait avec le pic local de l’épidémie, donc avec sa baisse. Les restaurants et les bars allaient rouvrir donnant à ma cavale des airs de voyage touristique.

Peine perdue, partout un spectre sombre étend sa nouvelle loi délétère, sans opposition ni affrontement : pas de vaccination, pas de droit.

Vais-je devenir apatride sanitaire par désir de liberté ?

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