Automne Canada
Chroniques d'une épidémie

En finir avec le pass

1er octobre, jour de fête : il est à nouveau permis aux personnes non vaccinées d’entrer sur le territoire canadien. Lentement s’éloignent les pass sanitaires, les mesures vexatoires et inutiles. Une épée de Damoclès en moins au dessus de nos têtes. Une page se tourne. Tous à nouveau libres et égaux. Du moins en apparence. De nombreux professionnels de santé, des pompiers restent suspendus sans rémunération. On en parle de temps en temps sur BFM TV ou LCI. On cherche à minimiser le nombre. On continue à les dénigrer, à leur cracher au visage. L’essayiste Céline Pina les comparait à des « fonds de cuve » fin juillet sur Cnews.

Sur les réseaux sociaux une publication fortement partagées rappelait la dystopie vécue depuis deux ans : la police traquant les personnes en forêt ou sur les plages désertes à grand renfort d’hélicoptères durant le confinement, les autorisations de sortie auto-signées, le port du masque tantôt inutile tantôt obligatoire, l’interdiction de visite des anciens dans les EPHAD qu’on terminait au Rivotril, Papy et Mamy seuls dans la cuisine à Noël. La liste est longue. Ni pardon, ni oubli peut-on lire. Pardonner il faudra bien. Mais oublier ? Oublier Michèle Cymes à propos des personnes non vaccinées : « Qu’ils se regardent dans la glace et se disent, oui, je peux tuer des gens aujourd’hui ? » Oublier Emmanuel Lechypre qui suggérait de nous vacciner de force emmenés par deux policiers ? Oublier Patrick Evrard, directeur du centre de transplantation à Namur : « greffer un non vacciné c’est gaspiller un organe » ? Oublier Michel Onfray pour qui nous n’étions que des « racailles, des contaminateurs conscients d’avoir le sida ou des violeurs de jeunes filles » ?

Oublier les regards désabusés vers les terrasses des cafés et des restaurants qui nous étaient désormais interdites ? Dois-je me justifier de ne plus fréquenter certains établissement où je fus interdit de séjour pendant des mois ? Suis-je le seul à ne pas supporter ces enclos construits à la va-vite pour mieux contrôler les QR codes, qui encerclent encore les clients ?

Je suis chanceux. Je ne jouais ni ma santé ni mon avenir professionnel en refusant de me plier aux nouvelles règles hygiénistes. En aurait-il été de même si j’avais dû perdre mon emploi, ne pas pouvoir poursuivre un traitement vital ? Quelle aurait été ma balance bénéfice risque ? Quel est le prix à payer pour vivre libre ? Pour refuser un traitement inutile et potentiellement dangereux qui n’a de vaccin que le nom ?

Il m’est arrivé d’échanger avec des personnes vaccinées, souvent surprises d’entendre mes objections. Je voulais savoir, je voulais comprendre. La vaccination elle-même leur semblait évidente puisqu’elle était conseillée par leur médecin à grand renfort de propagande d’état. On sait depuis que le vaccins n’empêche ni la transmission du virus, ni de développer une forme grave de la maladie. Malgré une campagne de vaccination sans précédent en Europe et dans les pays « développés », le virus est encore présent, endémique. Qu’en aurait-il été si les états avaient choisi de favoriser les soins au lieu de privilégier à toute force la solution vaccinale jetant le discrédit sur certains traitements pourtant prometteurs ? Quelle a été le rôle des laboratoire et des sociétés privées de conseil ? Le lobbying est connu qui profite des connexions entre l’industrie pharmaceutique, les médias, les états, l’Europe et l’Organisation Mondiale de la Santé. Quelles sont les conséquences réelles de la vaccination en terme de santé voir d’eugénisme ? S’il est prouvé un jour que la vaccination de masse non seulement ne servait à rien mais représentait un véritable danger pour les populations, qui servira de bouc émissaire ? N’a-t-on donc rien appris des scandales du sang contaminé ou du Médiator ?

Ce qui surprend le plus mes interlocuteurs c’est que je ne décolère pas. Comment réagir autrement face à la docilité servile de ceux qui courbèrent l’échine, se trouvant de mauvaises raisons pour faire vacciner leurs enfants et présenter leur sésame numérique pour obtenir le droit de prendre un verre en terrasse ou aller voir le dernier Didier Bourdon à la séance de 20h15.

Je manque de tolérance, probablement. « La tolérance est la charité de l’intelligence » écrivait Jules Lemaitre. Elle désigne la capacité à accepter ce que l’on désapprouve, c’est-à-dire ce que l’on devrait normalement refuser. Etre tolérant c’est accepter de manger de la cervelle de mouton au motif qu’on est bien élevé et qu’on veut faire bonne figure. On vous resservira deux fois !

Fallait-il tolérer le pass sanitaire parce que peut-être il permettait de mieux contrôler l’épidémie de covid 19 ? Dans un autre registre, mais intrinsèquement les questions reposent sur les mêmes mécanismes : faut-il tolérer le port du voile dans l’espace publique ? Faut-il tolérer la théorie du genre et ses dérives ? On devine le piège. Qui n’a pas envie de sortir de la crise Covid ? Quel esprit humaniste s’opposerait aux droits des minorités ou à la liberté de s’habiller ? La nasse se referme comme lors d’une manifestation encadrée par Didier Lallement. Impossible de sortir du traquenard sémantique. Le guet-apens est sans appel. Ceux qui critiquent notre manque de tolérance imposent leur dictat et ne font preuve, eux, d’aucune tolérance. Il est de bon temps d’être vacciné, de croire au réchauffement climatique et à l’influence de l’activité humaine sur le climat, d’être #metoo, de donner crédit aux revendications queers et au wokisme. La doxa et rien d’autre. Essayer de penser, de changer d’angle de vue, c’est irrémédiablement risquer de se faire taxer de complotisme ou d’intolérance. A une autre époque on aurait dit réactionnaire.

Dois-je avouer que j’ai hésité longuement à poser ses mots ? A les publier ? Insidieusement censure et propagande font leur lit. Je jauge les risques alors que je n’en tirerai aucun bénéfice. Dois-je m’auto-censurer et faire semblant ? Ne devrais-je pas me contenter d’inviter le lecteur à mes escapades bretonnes on andalouses ? Faire fi de ma volonté de publier les chroniques écrites depuis deux ans ? Atténuer le trait pour ne heurter personne.

Puisque c’est permis à nouveau, booker un vol Nantes – Montréal, faire route au sud vers le New Brunswick puis Saint Andrews. Partager une pizza avec mon neveu et mes nièces. Se rappeler la dernière fois à Londres. En rire peut-être. A l’aube partir à la rencontre des baleines qui vivent au large dans le golfe du Saint-Laurent. Regarder les premiers flocons de neige, boire un café et rentrer.

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