Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels
Chroniques

Il faudrait tout oublier

Gare de Vannes. En tête de gondole trône le livre de Pierre Chaillot « Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels ». Le dernier ouvrage de Alexandra Henrion-Caude occupe la première place des ventes sur Amazon. La vérité émerge lentement. Dans le même temps les vestes commencent à se retourner. Il est enfin possible de pointer du doigt la gestion de la crise Covid, de critiquer la politique vaccinale, de mettre en garde contre les dangers des « vaccins » à ARN messager alors que nous fêtons les 3 ans du début du premier confinement en France. Triste anniversaire. Je n’oublie pas. Ma colère ne faiblit pas.

La relecture des chroniques que je m’apprête à publier rappelle à mon bon souvenir les deux années plongées en pleine dystopie. Il faudrait passer l’éponge, faire table rase. Impossible. Le monde à l’arrêt.

Nouvelle année, nouveaux rythmes. Ecrire, lire, relire. Un fil invisible me tire vers un avenir que je peine à discerner, distinguant seulement une aube vague, encore fiévreuse et incertaine, incapable d’éclairer les semaines et les mois à venir. C’est l’hiver encore. Un hiver froid, nébuleux, brumeux qui m’encercle comme autant de flocons de neige qui m’attireraient vers un précipice.

Dehors la nuit s’est imposée. J’ai pris place depuis 20 minutes à bord d’une rame qui file vers l’ouest. On dirait le transperceneige qui jamais ne s’arrête, dernier bastion d’une humanité décimée. Autour de moi voyage une cohorte bigarrée d’étudiants rejoignant leur famille, leurs amis. Peut-être pour certains un amour naissant. Vissés à leur smartphone, ils précipitent la scoliose inévitable. J’ai souris en voyant dépasser un paquet de fraises Tagada du sac bleu marine de la jeune femme qui m’a poliment demandé si elle pouvait s’assoir face à moi. Un regard, complicité éphémère. A peine ai-je écrit ces mots, que sa main plonge à la recherche de bonbons roses qu’elle porte discrètement à sa bouche, tout en continuant à faire innocemment défiler l’écran de son téléphone. Je songe un instant à lui donner mon nom, espérant lui faire savoir qu’elle vient d’apparaitre brièvement au milieu des mots, qui se dessinent incertains, dressant le portait flou d’une jeune bretonne dont je sais pas encore si elle descendra du train après moi.

Le jour n’avait pas totalement disparu en arrivant à la gare. Il avait fallu le départ de l’omnibus à destination de Quimper pour qu’il se résolve à laisser sa place à la nuit. La vitre noire ne laissait rien deviner du paysage qui défilait à mesure que nous approchions de Auray.

Nul visage familier, nul sourire. Mon regard s’attarde sur ces figures fermées, austères, presque tristes. Quelles sinistres pensées animent ces jeunes esprits ? La menace croissante d’une guerre en Europe les préoccupe-t-ils ? Craignent-ils pour leur avenir ? Ou bien simplement ressentent-ils le point de basculement d’une civilisation en quête de sens ? L’effondrement possible d’un système à bout ?

Hier j’ai dormi la fenêtre ouverte malgré le froid. On croyait entendre des grillons, comme une fin d’été en Provence, près de Gordes où mon oncle possédait un mât dans la plaine, au milieu des champs de lavande, à quelques kilomètres de Lacoste et du château du marquis de Sade. On attendait la nuit noire qui réveillait les étoiles, le ballet incessant des satellites et des météoroïdes. Le lever de lune effaçait le spectacle, nous invitait à regagner nos chambres où nous nous endormions en rêvant de voyages fantastiques et de conquête spatiale.

J’ai notés quelques mots à la hâte sur le carnet noir posé sur la table de nuit : « le sommeil me gagne. Une voix au dehors trouble le silence. Envie de fumer. Envie de tenir une cigarette allumée. La voir rougeoyer dans l’obscurité. Regarder la fumée monter, la cendre tomber. ».

Encore quelques minutes et le TER entrera en gare de Lorient. Je remonterai à pied le boulevard Franchet d’Espèrey en direction du cinéville. Rendez-vous pour un verre rapide au Scénario avant d’aller voir le dernier film de Lisa Azuelos. Je n’ai pas lu le roman de Julien Sandrel. J’espère une bonne surprise, peut-être quelques larmes.

Demain il faudra rentrer. Fêter à la va-vite le troisième anniversaire de cette soirée fatale qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle. On peut bien pasticher Racine, n’est-ce pas ? Il y a trois ans, je me levais un peu groggy, paniqué, bien décidé à ne croiser personne pendant quinze jours. En tête les images des hôpitaux construits à la hâte à Wuhan, les services d’urgences italiens voyant s’entasser les malades sous assistance respiratoire. Le choléra ici, chez nous, à nos portes. Les attestations dérogatoires, les TGV médicalisés, les hôpitaux de campagne, le décompte macabre des morts, la crise des masques finalement rendus obligatoires, la chasse aux surfeurs en hélicoptère, le scandale du Lancet, le teasing marketing pour vendre des vaccins inutiles et délétères, d’autres confinements encore : rien ne nous aura été épargné.

J’aurais aimé ne pas y penser. Abandonner au 17 mars la mort de Marc Aurèle, le premier concert de Chopin, la fête nationale irlandaise. Me préparer à aller boire une Guinness, dans un pub bondé, assis à une table que réchaufferait un poêle à bois. Parce que bon, en mars, parfois, il fait froid.

Il faudrait oublier, se saouler au Propranolol à l’occasion d’une bathe soirée où on se retrouverait enfin, transfuges de la première heure. Chacun irait de son anecdote. Fred raconterait les lettres anonymes, Florence évoquerait la lutte pour que restent ouvertes les librairies, et puis Céline, et puis François, et puis Vincent, et puis Denis… Bientôt le jour se lèverait sur nos mines défaites. Le Propranolol ferait son effet. Oublié le Covid, oubliés les confinements, oubliés Ivermectine et Chloroquine, oublié le pass vaccinal, oublié le visage masqué de nos enfants, oubliées injures et insultes.

Je dormirai, enfin, pour la première fois depuis 3 ans, sans craindre que le stress et l’angoisse ne me tiennent éveillé au milieu de la nuit. Dehors les premiers rayons de soleil annonceraient le printemps. On entendrait un merle siffler dans le camélia en fleurs. De l’appartement voisin s’échapperait un prélude de Bach. Exit les chroniques, exit le covid, exit le monde d’après. Tout cela n’aurait été qu’un mauvais rêve.

Commentaire sur “Il faudrait tout oublier

  1. Bonjour,
    Merci pour ce très beau texte qui exprime bien ce qu´on a tous vécu.
    Bien écrit mais aussi très juste!
    J´ai lu le livre de Alexandra Henrion-Caude, je le recommande absolument!
    Il faudrait tout oublier… mais ce n´est pas ce que nous ferons!

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